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28-08-2008

Entretien : la réalité politique entrave les ambitions européennes de Sarkozy

Les objectifs de la présidence française de l'UE, notamment le fameux projet « d'Union pour la Méditerranée », sont si ambitieux que le gouvernement pourrait bien ne pas avoir les moyens de les mettre en œuvre. C'est ce qu'a déclaré Olivier Ferrand, le président de Terra Nova, un nouveau think tank progressiste, dans un entretien à EurActiv France.

La France, qui assume la présidence tournante de l'UE depuis le 1er juillet 2008, restera à la tête du bloc jusqu'à la fin de l'année. Avant que la crise institutionnelle amorcée par le « non » irlandais au traité de Lisbonne ne menace d'occuper le devant de la scène, ses objectifs principaux étaient essentiellement l'énergie, le changement climatique, la défense et l'immigration.

Parmi les obstacles empêchant le président français Nicolas Sarkozy de présider à des changements majeurs, M. Ferrand cite les obstacles institutionnels comme le temps limité offert par la présidence de l'UE ainsi que l'image très dégradée de la France sur le plan international en raison de la déception engendrée par ses récentes performances économiques et sociales. 

Par ailleurs, il suggère que la controverse suscitée par de nombreuses propositions de M. Sarkozy va entraver leurs chances de succès. Ce d'autant plus que de nombreuses capitales européennes « traînent les pieds aujourd'hui sur les questions européennes ».
L'analyste cite en particulier l'Union pour la Méditerranée en exemple. Malgré son statut de « grand évènement médiatique du semestre », la plupart des pays « n'en veulent pas », notamment l'Allemagne ainsi que les « partenaires du sud de la Méditerranée », déclare-t-il. 

Le Maroc en particulier craint que cette nouvelle union ne déstabilise « toutes les relations qu'il a avec l'Union européenne ». Selon M. Ferrand, le projet est même impopulaire auprès de la Commission européenne, qui se sent mise à l'écart. 

Selon lui, il est toutefois nécessaire de revoir le processus de Barcelone car « nous avons un problème avec la Méditerranée ». Les enjeux dans la région sont « réels », affirme-t-il, mettant en évidence des écarts de revenus considérables entre la rive Nord et la rive Sud de la Méditerranée : « Les écarts de revenus sont de l'ordre de 1 à 10 », annonce-t-il. Selon lui, « il faut donc faire quelque chose pour le processus de Barcelone », d'autant plus que ce processus « s'est bureaucratisé et n'a pas d'argent ».

En rupture avec la tradition, la décision de la présidence française de ne pas faire de l'Europe sociale une priorité est une « erreur fondamentale » selon  M. Ferrand, qui estime que « l'Europe en tant qu'institution doit protéger les citoyens par rapport aux mutations économiques du monde contemporain ». « Aujourd'hui, la principale protection dont nous avons besoin est sociale », souligne-t-il. 
Mais selon M. Ferrand, « aujourd'hui l'Europe sociale est bloquée et le blocage est institutionnel ». A son avis, ce blocage découle du fait que « l'Europe politique est un préalable à l'Europe sociale », en référence au besoin de la Commission de faire valider son programme par les urnes. Il suggère qu'il est temps d'accepter que certains pays ne veulent pas avancer plus loin que d'autres : « Il s'agira donc  de créer une Europe à deux vitesses ».

La politique de défense européenne est une autre thématique chère au président français. Mais l'analyste estime qu'en raison de son intégration à l'OTAN, l'UE manque encore d'une « capacité de planification et de commandement militaire » qui lui soit propre.

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