Hortefeux annonce un rapport sur la lutte contre le proxénétisme
Par AFP/Le Monde.
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé mardi au Sénat un rapport sur la lutte contre le proxénétisme et le phénomène de la prostitution à laquelle se livrent "de 18.000 à 20.000 personnes" en France.
Ce rapport, du Groupe de travail interministériel élargi, constitué après la ratification par la France de la convention du Conseil de l'Europe sur la traite des êtres humains, doit lui être remis "fin juin", a-t-il dit, avant de l'être au Parlement.
L'Office central de répression de la traite des êtres humains (OCRTEH, de la direction centrale de la police judiciaire), "situe de 18.000 à 20.000 personnes se livrant à la prostitution en France", a précisé le ministre.
"Les autorités espagnoles et allemandes évaluent à 400.000 le nombre de personnes prostituées travaillant dans chacun de ces pays, elles seraient 20.000 aux Pays-Bas alors que la population de ce pays ne représente que le quart de notre population nationale", a comparé Hortefeux.
En France, "on estime qu'au moins 80 % des personnes prostituées sont d'origine étrangère".
Ainsi, a précisé le ministre en s'appuyant sur les observations de l'OCRTEH, ils sont essentiellement "pour l'Europe centrale la Bulgarie et la Roumanie, pour l'Afrique le Nigeria, le Cameroun et le Ghana, et pour l'Asie, la Chine".
Les jeunes femmes "sont prises en charge par des réseaux, souvent, des filières d'immigration clandestine et subissent un parcours de mise en condition imposé soit par pression physique soit par une forme de pression morale", a-t-il noté.
Ils "les font circuler dans les différents pays européens sans les y laisser trop longtemps afin qu'elles ne se familiarisent pas trop avec eux, qu'elles n'établissent pas de contacts privilégiés et qu'elles ignorent tout de la législation locale", selon lui.
Pour la France, il a distingué "trois types de prostitution".
- La prostitution "visible sur la voie publique qui concerne principalement les Roumaines, Bulgares et Africaines, et qui est en voie de diminution".
- Celle "dite discrète, dans les salons de massage et les hôtels qui tend à se développer grâce aux sites internet", qui sont "surtout le fait de jeunes femmes venues des pays slaves et d'Europe de l'Est.
- La "prostitution cachée, pratiquée en appartement essentiellement par des prostituées asiatiques ou des travestis sud-américains".
Dans ces deux derniers cas, "les rendez-vous sont pris sur internet, à partir de sites gérés depuis l'étranger, confirmés par SMS, souvent à partir de l'Ukraine".
Le ministre a aussi fait état du démantèlement de "40 réseaux de proxénétisme liés à la criminalité organisée" en 2009, dont "la moitié d'Europe de l'Est et des Balkans.
La police et la gendarmerie ont ainsi pu mettre en cause "827 individus pour 464 faits constatés de proxénétisme, marquant "une certaine stabilité sur le long terme", selon le ministre de l'Intérieur.
"23 réseaux avaient été démantelés en 2008 et 32 en 2007", a-t-il ajouté.
Enfin, il a défendu le délit de racolage passif, dont les sénateurs de gauche souhaitent l'abrogation, inscrit dans la loi de sécurité intérieure du 12 mars 2003 initiée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur.