LA BULGARIE DEVRAIT S’INTERROGER SUR SA TÂCHE COMME MEMBRE DE L’UE, DIT BEN FAYOT, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES AU PARLEMENT DE LUXEMBOURG
14 juin: "Contrairement à ce que j'ai affirmé hier, je m'empresse d'ajouter que je viens de recevoir aujourd'hui un courrier important de l'ambassadeur de Bulgarie à Bruxelles sur les mesures pour la mise en application des recommandations de la Commission européenne dans le Rapport de suivi du 16 mai 2006 et une information sur le progrès accompli dans les domaines identifiés comme préoccupants dans le Rapport de suivi pour la période depuis le mois de mai. Je n'ai pas eu le temps d'analyser en détail les textes, mais je tiens à vous informer que le flux d'information est en place. Le courrier a été envoyé le 14 juin à 10.18 heures du matin. Je l'ai reçu quelques minutes plus tard par mail." Ben Fayot
Ben Fayot, depute, président de la Commission des affaires étrangères et européennes, de la défense, de l’immigration et de la cooperation.
Réponses aux questions de M.Ognian Boyadjiev pour Portal Europe.bg
M. Fayout, vous avez rencontré une délégation bulgare fin mai au Luxembourg et vous avez indiqué que votre parlement ratifiera le Traité d’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie a l’UE avant les vacances d’été. Est-ce que vous pouvez nous indiquer les dates précises ?
Si tout se passe bien dans la procédure parlementaire, nous pourrons procéder au vote en séance plénière le mardi 4 juillet 2006.
La délégation bulgare a annoncé que le parlement de Luxembourg désire etre informé régulièrement au titre mensuel du progrès accompli par la Bulgarie dans les domaines difficiles indiqués dans le rapport de la Commission Européenne. Est-ce que vous avez déjà reçu les premières tranches d’information sur cela ?
Non, jusqu’à ce jour, nous n’avons pas reçu d’informations supplémentaires de la part de nos collègues bulgares. Il serait utile que nous disposions des informations les plus récentes pour le débat au Parlement.
Le 25 mars 2006 le ministre des affaires étrangères de Luxembourg M. Jean Asselborn a dit dans une interview pour « Luxemburger Wort » que la Bulgarie et la Roumanie ont besoin d’une politique fiable d’anti-corruption pour adhérer l’UE. Est-ce qu’aujourd’hui vous pensez que la Bulgarie lutte efficacement contre la corruption ?
Il est très difficile de juger de la corruption en Bulgarie de l’extérieur. Cette lutte est difficile, mais essentielle, aussi bien pour la Bulgarie elle-même que pour l’acceptation de cet élargissement par nos opinions publiques. L’Union européenne constitue un espace de droit, où doivent régner les mêmes règles pour tous. Si un Etat membre n’atteint pas ces standards, cela aura des répercussions pour tous.
Est-ce que vous observer une différence dans les niveaux de préparations entre la Bulgarie et la Roumanie – les rapports de la Commission indiquent que le gouvernement roumain se débrouille mieux ?
Effectivement, on a l’impression que la Roumanie attaque p.ex. le problème de la corruption de façon plus énergique.
Est-il souhaitable de séparer la Bulgarie de la Roumanie comme date d’adhésion ?
Pourquoi pas ? Si effectivement, un pays est mieux préparé que l’autre, il n’y a pas de raison de le faire attendre à cause de l’autre qui traîne. De toute façon, j’ai toujours été partisan d’élargissement sur mérite propre plutôt que d’élargissement politique.
Est-ce que selon vous la Commission applique des « standards doubles » par rapport aux critères d’adhésion – si l’on compare l’adhésion des 10 pays en 2004 et l’élargissement de la dernière vague ?
Il est vrai qu’une partie de l’élargissement de 2004 a été de nature politique plutôt que « sur mérites propres ». Mais on sait que l’élargissement, pour les actuels Etats membres, n’est pas une affaire « innocente ». Pour les uns, l’essentiel, c’est une zone de libre échange aussi étendue que possible, pour les autres, c’est une Europe intégrée. Le compromis entre les deux tendances est toujours bancal.
Est-ce que, selon vous, la Commission devait recommander strictement une date d’adhésion dans son rapport du mois de mai, mais pas de reporter cette recommandation pour l’automne ?
De toute façon, la Commission est prise au piège d’un mauvais traité d’adhésion, et elle essaie d’en tirer le meilleur parti pour l’UE.
Quel est l’opinion publique à Luxembourg par rapport à l’élargissement et par rapport à la Constitution européenne ?
L’opinion publique luxembourgeoise reste très sceptique à l’égard de l’élargissement. Pour le Luxembourg, membre fondateur de l’UE, l’élargissement risque de diluer le processus de l’intégration européenne et de diminuer l’influence du pays dans cette UE. La façon dont certains nouveaux Etats membres considèrent l’UE n’est pas pour nous rassurer à cet égard. Voilà pourquoi je pense que la Bulgarie, tout assurée qu’elle est d’entrer bientôt dans l’UE, devrait s’interroger non seulement sur l’avant-adhésion, mais surtout sur l’après adhésion : comment entend-elle sa tâche comme membre de l’UE ? Certes, l’UE est un ensemble de nations indépendantes et souveraines, mais elle n’existe que par la volonté commune de toutes ces nations de travailler ensemble. Si chacune n’y cherche que ses intérêts individuels, sans penser à cet ensemble, le projet de paix et de coopération fera long feu.
On se souvient que le Traité d’adhésion a été signé à Luxembourg… Est-ce que vous imaginez qu’un jour la même cérémonie aurait lieu avec la Turquie ?
Franchement, je ne le sais pas. La politique de la Turquie à l’heure actuelle reste pour moi un mystère.