REVUE DE PRESSE DU VENDREDI 21 MAI 2004

L'Est Républicain se félicite en première page de ce que pour la première fois, les Etats-Unis n'aient pas mis leur véto lors du vote au Conseil de sécurité des Nations unies... "Leur abstention a permis que soit adoptée une résolution qui condamne fermement les actions israéliennes"... En s'abstenant ainsi, confirme l'éditorialiste d'Ouest France, "les Etats-Unis ont voulu adresser un double message... D'abord en direction de leur protégé au Proche-Orient"... Ils cherchent également "à montrer aux pays arabes que leur soutien à Israël ne revenait à laisser carte blanche à Ariel Sharon"... Question de La Charente Libre : "Bush va-t-il enfin comprendre que son soutien aveugle à Sharon est complètement fou et totalement contre productif ?" Réplique du Courrier Picard : "La réponse est non... Car, à quelques mois des élections, il ne faut surtout pas s'annexer le lobby pro-israélien qui pourrait faire payer très cher une position plus tranchée de la Maison Blanche"... D'après Le Républicain Lorrain, "la gesticulation américaine n'abusera personne... Chacun sachant que la seule pression ayant eu de l'effet jusqu'ici fut lorsque Washington menaça de ne plus accorder sa garantie bancaire aux emprunts souscrits par l'Etat hébreu"...

Titrant son indignation sur de véritables "crimes de guerre", L'Humanité note qu'en "s'acharnant contre les Palestiniens, Sharon met en danger la sécurité du peuple israélien et donc l'avenir d'Israël"... Selon L'Indépendant du Midi, "humilier un peuple accroît la tentation terroriste... Telle est l'oeuvre de Sharon qui, se fait (ainsi) le meilleur pourvoyeur de l'abject antisémitisme"... Et le quotidien d'associer Bush et Sharon dans une même réprobation : "Pourvu que le vent de l'histoire balaye l'un et l'autre avant qu'il ne soit trop tard"... L'éditorialiste du Monde "croyait avoir tout vu dans l'escalade de la répression sur les territoires palestiniens"... Et de soupirer : "Rien ne saurait donc arrêter la folie meurtrière qui se déroule sous nos yeux à Gaza, attisant le ressentiment anti-israélien"... Le Monde rappelle enfin aux dirigeants juifs "que l'on ne peut faire la paix sans traiter avec l'adversaire, quoi que l'on puisse penser de lui"... Libération invite également Tel-Aviv à ne jamais "oublier que l'arme la plus puissante d'Israël reste le soutien international à son existence... Cette arme de la légitimité s'émousse au fil des assassinats, ciblés ou aveugles, des occupations de terre, des destructions, des implantations de colonies et du refus de toute négociation avec les Palestiniens"...

Si, "en Israël, les dirigeants font fi" des résolutions des Nations unies, en Irak, l'ONU a été court-circutée... Face à ce défi, L'Alsace considère que "la communauté internationale doit se mobiliser pour redonner aux Nations unies tout son rôle"... De son côté, le magazine américain Newsweek précise les soupçons concernant Ahmad Chalabi, ex-allié privilégié des Américains... Il aurait tenté "de profiter illégalement de la reconstruction en Irak... Une société proche du Congrès national était chargée de détruire l'ancienne monnaie irakienne, mais "beaucoup d'argent continuait à circuler, au lieu d'être détruit"... L'ancien protégé du Pentagone est encore accusé de "vol de propriété du gouvernement, d'argent du gouvernement et d'abus de pouvoir" !

Par ailleurs, le Daily Miror révèle ce matin à Londres que la Grande-Bretagne renoncerait provisoirement à son projet d'envoyer 3 mille soldats supplémentaires dans le Sud de l'Irak, par crainte des réactions négatives de l'opposition et de l'opinion publique.

Naufrage judiciaire

"La réconciliation nationale a plus que jamais du plomb dans l'aile", écrit d'Abidjan l'envoyé spécial du Figaro... Où l'éditorial ajoute : "Gbagbo n'est pas fiable... Et tout indique, hélas, que dans l'ancienne vitrine de la décolonisation française, la guerre civile a de beaux jours devant elle"... L'Humanité cite Fraternité Matin, un quotidien ivoirien, estimant que l'un des ministres de l'ex-rebellion limogé "paierait pour la bataille du Port d'Abidjan qui s'est progressivement transformée en une guerre de tranchées" !

Suite à "l'outrage d'Outreau", nombre de confrères se livrent, à l'instar de Libération, à "l'autopsie d'une bavure judiciaire"... La Montagne rappelle que "mettre un homme ou une femme en prison, c'est l'éloigner des siens, le priver d'emploi et donc de ressources... C'est une punition gravissime qui ne saurait être prise sans de très sérieuses raisons... Les accusés d'Outreau sont aujourd'hui les victimes déshonorés d'une pratique dont les méfaits perdurent, en dépit des réformes sensées les éliminer"... "La justice dérape" - déplore encore La Nouvelle République du Centre Ouest... Qui dénonce un véritable "naufrage judiciaire... La faillite de toute la chaîne d'instruction"... La République des Pyrénées récuse un célèbre proverbe... "La vérité ne sort pas toujours de la bouche des enfants, surtout s'agissant de garçons et filles traumatisés qui, devant l'énormité des faits visant leurs parents, ont pu être tentés de diluer cette accusation en la faisant partager par le plus grand nombre de gens possible"... La République du Centre observe : "Les juges ont agi en réaction contre les faiblesses passées de la justice sur les affaires de pédophilie... Trop longtemps, la parole des enfants avait été ignorée. Ici, elle a été imprudemment sacralisée"... Aussi La Presse de la Manche invite le public à se "tenir éveillé et à (se) méfier des comportements grégaires"... Dans les dossiers complexes, renchérissent Les Dernières Nouvelles d'Alsace, "la justice doit apprendre à se méfier d'elle-même et à trouver son chemin entre deux dignités : la fermeté et le doute"... La Croix insiste aussi sur le double devoir de la justice : "A elle de juger les coupables, mais aussi de protéger les innocents"... Cependant, conclut Libération, "en matière judiciaire, plus grand est le crime, plus grand est le risque de se tromper, tant on ne veut à aucun prix rater le coupable".

A. Masson RFI