MADRID VEUT OUBLIER LE 11 MARS EN SE RACONTANT LE CONTE DE FÉES ENTRE LE PRINCE FELIPE ET LA ROTURIÈRE LEATIZIA

D'après Libération, "Madrid veut oublier le 11 mars en se racontant le conte de fées entre le Prince Felipe et la roturière Leatizia"... Et ce "coup de fièvre nuptial" ne frappe pas que les espagnols... Le Monde en fait son premier titre sur quatre colonnes à la Une... Le Figaro son éditorial... Où il est rappelé que c'est Franco lui-même "qui a replacé le Roi sur son trône"... Concluant "un compromis un peu boiteux avec (ce souverain) alors réfugié dans son exil portugais"... Quant à l'avenir , imagine Le Figaro, "l'Espagne n'est ni la Grande Bretagne, ni la Suède... Bien sûr, les moeurs démocratiques semblent solidement établis dans ce pays nouveau et très ancien... Mais il existe pourtant des provinces qui rêvent d'indépendance, des villes qui supportent mal la prééminence de Madrid... Pour Juan Carlos, il faut consolider la monarchie. Seul son fils Felipe est en état d'assurer cette continuité : c'est ce qui va se jouer aujourd'hui. Ce n'est pas seulement un mariage, c'est un sacre, le sacre du printemps"...

Plus prosaïque, Le Parisien calcule que la fête coûtera la bagatelle de "40 millions d'euros"... La Montagne observe que la liesse populaire attendue rassemblera le peuple d'un "pays ensanglanté par l'une des plus effroyables guerres civiles du 20ème siècle, embastillé durant près de 40 années par une dictature obscurantiste"... Mais un pays qui "est devenu une démocratie modèle et redevenu une puissance économique"... Sud-Ouest confirme "que les Bourbons d'Espagne ont réussi le tour de force d'incarner la démocratie... C'est l'immense mérite de Juan Carlos, couvé puis mis sur orbite par le franquisme... Il porte maintenant la confiance d'une Espagne éprise de modernité, d'une nation qui résiste à ses forces centrifuges"... La Nouvelle République du Centre-Ouest reconnaît également "l'immense mérite (du monarque) de faire rimer en douceur démocratie et royauté... Le mariage entre son fils et une présentatrice vedette de la télévision va donner une image supplémentaire de proximité à une famille régnante qui personnifie l'unité du pays"... Pour l'Union, "le conte de fées entre l'héritier du trône d'Espagne et une roturière divorcée rend des couleurs aux Madrilènes encore sous le choc des attentats sanglants du 11 mars dernier"...

"Vive les mariés !" - s'exclame l'Alsace, ébahie de voir "la fille d'une infirmière syndicaliste et d'un journaliste" devenir la future reine d'Espagne... "C'est bien connu, relève l'Est Républicain, même les vieux pays républicains comme la France adorent ces grandes cérémonies où l'apparat n'exclut pas une touche de romantisme... A notre époque, Margot a toujours les yeux humides lorsque les têtes couronnées se marient"... Pour le Républicain Lorrain, "si les monarchies européennes bénéficient d'une réelle côte d'amour auprès des roturiers de ce continent revenu de tout, c'est d'abord en raison d'une certaine capacité à épouser les évolutions de leur époque. Une femme héritera un jour de la couronne en Suède... Des couples gays sont reçus officiellement à la Cour du Danemark... En Belgique, Albert II se pose en garant de l'unité nationale d'un pays travaillé par de fortes oppositions communautaires... Et en Espagne, la monarchie communie dans la joie et la douleur avec son peuple là où le gouvernement de José-Maria Aznar s'est montré indifférent au point d'en perdre le pouvoir"... Sur ces noces très "olé, olé", auxquelles assisteront les gloires du Gotha mondial... Quelques trente familles royales, une quinzaine de Chefs d'Etat, France-Soir assure qu'il s'agit d'abord d'une histoire d'amour... "Avant de devenir une reine très catholique, Leatizia Ortiz est une reine très cathodique"... Et pourtant, "au Royaume de Don Quichotte, le temps des dulcinées est terminé" observe ce confrère... Et, "le Prince des Asturies, appelé à régner sous le nom de Philippe VI se devra de faire perdurer la dynastie des Bourbons d'Espagne"... "Ainsi va la monarchie aujourd'hui - soupire Libération... Rien d'autre qu'un feuilleton télévisé à audience mondialisée... Sa futilité lui vaut d'être régulièrement remise en cause par la République... A quoi sert-elle, (cette royauté d'opérette) ? A rien - répond l'éditorialiste libéré... Sinon à faire rêver un peuple par procuration (et) pour un coup exorbitant"...