LA DISPARITION DE REGGIANI – "SERGE ET SACHA"...

Toujours dans ce journal, et se partageant la Une avec ce trésor mystérieux, la disparition de Reggiani... "Le dernier de la bande qui accompagna toute une génération d'après-guerre : la bande à Brel et Ferré, Montand et Nougaro, Barbara et Brassens, Vian et Gainsbourg"... Des voix et des textes formant de véritables "maîtres à chanter"... "Une école aussi de la révolte, de la poésie et du coup de gueule"....

Le Figaro raconte comment le chanteur aimait lui-même décrire "ses débuts de jeune con... J'avais 14 ans et j'étais apprenti-coiffeur pour dames dans le salon de mes parents, rue de Richelieu (à Paris)... Un jour, en faisant un shampoing, je laisse couler de l'eau savonneuse dans l'oeil d'une dame... "Jeune homme, vous devriez faire un autre métier", me dit-elle... "Quoi, alors ?", lui dis-je. Elle m'envoie en face du salon, au siège d'un quotidien. J'ai vu dans les annonces, en vitrine, que le Conservatoire des Arts Cinématographiques ouvrait ses portes sur concours . J'ai été reçu. A la fin de l'année, j'étais premier"... Par la suite, Le Figaro évoque le parcours d'un acteur en ces termes : "Au décrochez-moi ça de la mémoire, voisinent le pourpoint d'Hamlet, la tunique de Britannicus, le feutre de D'Artagnan, la vareuse des Justes de Camus, la blouse du coiffeur de l'Armée des Ombres, la veste de velours du Guépard... Autant de personnages que la flamme intérieure de Serge Reggiani avait portés à cette incandescence qui fait les éphémères feux de joie des fêtes du spectacle"...

Qualifiant l'artiste d'homme de coeur, Le Parisien se souvient aussi d'un "octogénaire espiègle"... Est ici aussi résumée une trajectoire ponctuée "par des coups durs, la dépression et l'alcool"... S'achevant avec "la peinture comme thérapie"... Le Monde aussi rend hommage à celui qui, "en pleine guerre d'Algérie", créa le rôle de Franz, dans les Sequestrés d'Altona, de Jean-Paul Sartre... "Le thème de la pièce, la responsabilité de l'individu devant les crimes collectifs et la torture, est sensible... Dans sa tournée, (en province), la troupe est protégée durant quatre ans dans ses déplacements"... "L'Italien s'est fait la malle" - déplore aussi L'Humanité Hebdo... "Reggiani, c'était une voix d'une mélancolie qui bouleversait les foules. Il était impossible de rester de marbre"... La Presse de la Manche associe dans le deuil "Serge et Sacha"... Distel "chantait la belle vie, la légèreté et l'insouciance, le bonheur et l'amour"... Reggiani "chantait la mémoire, celle des horreurs de la guerre, celle de toutes les fractures sociales ou sentimentales"... Dans leurs différences, ils incarnaient tous deux "la diversité de la chanson française, qui les pleure à juste titre"...