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30-01-2007

L'ART DE LA PROPAGANDE AU GOUT BULGARE (JAMAIS PUBLIE DANS LE MONDE)

Atanas Tchobanov, bulgare, linguiste, Directeur du journal bulgare en France «Nouvelles de Paris»

Ceux qui croient dans l'avenir radieux sont de retour.

On ne parle pas souvent de la Bulgarie dans la presse française mais, dès que l'on s'y met, on ne manque pas d'évoquer le yaourt du petit pays candidat à l'adhésion européenne. Nous tenons à disposition aux apprentis commentateurs toute une série de clichés plus actuels, de l'attentat manqué contre le pape aux créateurs de virus informatiques en passant par le célèbre parapluie bulgare... Mais, pour une fois, l'article « 2007 au goût bulgare » signé par Radoslav Totchev, formé à l'ENA, respire l'optimisme, notamment quant à l'avenir de Bulgarie au sein de l'Union européenne qu'elle ne manquera pas de rejoindre dans trois ans.

« Optimisme » est un bien faible mot. Notre compatriote, formé dans une des plus prestigieuses institutions républicaines, n'hésite d'ailleurs pas à user du terme : « miracle » pour qualifier le progrès de notre pays. A le lire, le lecteur français pourrait facilement croire que la Bulgarie est un pays en plein essor, mu par un élan collectif du peuple qui soutient sans faille un gouvernement de sages. Mais, malheureusement pour la Bulgarie et les bulgares, la réalité est toute autre et il ne sert à rien de se passer le parfum pour cacher l'odeur inquiétante d'une adhésion sous conditions non pas en 2007, comme le souhaite le gouvernement bulgare, mais en 2008, voire plus tard si la Commission Européenne juge que la Bulgarie ne remplit pas les critères.

Pour comprendre le retard et les difficultés de ce pays il convient de rappeler au moins deux choses. D'abord, les gouvernements issus du système communiste ont organisé et mis en œuvre entre 1990 et 1996 un pillage sans précédent de la richesse nationale. C'est, en tous cas, dans ces termes que l'ex-président bulgare Petar Stoïanov, issu de la droite démocratique, a dressé le bilan des années des gouvernements Loukanov, Berov et Videnov après l'effondrement de 1996. Les moyens employés ne différaient pas au fond de l'exemple du « grand frère » russe : structures pyramidales, privatisations opaques pour deux sous et racket direct par le biais du crime organisé.

C'est alors que le peuple bulgare est descendu dans les rues, dressé des barricades et imposé après plusieurs semaines de protestations la tenue d'élections anticipées et le départ des néo-communistes du pouvoir. Pour des raisons qui lui appartiennent, l'auteur de cet article qui respire bon «l'avenir radieux » d'antan se garde d'évoquer ces événements. Plus inquiétant, il ne rappelle même pas que les responsables de cette catastrophe nationale n'ont pas seulement jamais été punis mais préparent aujourd'hui leur retour au pouvoir. La présidence et des ministères clé dans le gouvernement en place sont déjà sous le contrôle du parti socialiste (ex-communiste) bulgare. Après les élections législatives de 2005, donc au moment de l'adhésion prévue du pays dans l'UE, la Bulgarie risque d'être de nouveau gouvernée par ceux qui l'ont menée au bord du gouffre.

Dans cet article, il y est plutôt question de la confiance des partenaires européens, d'investissements massifs, d'une croissance fulgurante, d'une fiscalité favorable, etc... Vraiment ? Pour celui qui prend la peine de considérer avec un minimum de rigueur les réalités bulgares, on parlera plutôt d'un salaire minimal de 70 euros qui au rythme de croissance actuelle s'approchera au SMIC français dans 50 ans. L'émigration massive des jeunes spécialistes (plus de 500 000 ont quitté le pays), est un fait. L'argent qu'ils envoient au pays dépasse d'ailleurs de loin les investissements étrangers. L'assertion que la France est au premiers rangs dans la coopération technique et administrative avec la Bulgarie est très osée. S'il est vrai que la coopération culturelle est forte dans le sens France - Bulgarie, les chiffres disent que la France est au treizième rang des investisseurs étrangers en Bulgarie, alors qu'elle est première chez la Roumanie voisine. En matière de technologie la Bulgarie ne peut que rêver du transfert technologique opéré par Renault dans les usines Dacia pour la production de la marque Logan, sans parler des usines slovènes qui produisent depuis plusieurs années les Clio françaises. Pour information, le Français qui s'aventure à Sofia payera son hôtel deux fois plus cher que le ressortissant bulgare. Vanter le climat fiscal pour les étrangers dans un pays qui tolère cette grossière discrimination n'est, pour le moins, pas une bonne idée.

Concernant l'adhésion à l'Otan, ceux des Bulgares qui se félicitent aujourd'hui n'ont pas toujours eu une haute opinion de l'Alliance atlantique. Pour preuve, contentons nous de rappeler les missives d'encouragement qui recevait Slobodan Milosevic pendant les bombardements de l'Otan en 1999 des ses «amis socialistes» bulgares et celles, plus personnelles, de Guéorgui Parvanov l'actuel président de la Bulgarie. Est-ce pour cela que les généraux bulgares n'ont toujours pas accès à la base de données de l'Alliance ?

Les professionnels en relations publiques sous le régime communiste savaient bien que pour se faire crédible il vaut mieux alterner louanges et bémols critiques. Petite astuce de la même époque : il suffit d'y supprimer les adverbes superflus pour obtenir un tableau plus réaliste. Le niveau de vie en Bulgarie est le plus faible (sans parmi) des pays candidats.  Les études sociologiques montrent que la corruption est omniprésente et non pas un phénomène marginal, comme le suggère le timide encore. Et au lieu d'évoquer un tissu social abstrait, il vaudrait mieux parler de l'incapacité du gouvernement de maîtriser le crime organisé qui gangrène aussi les hauts étages du pouvoir. Sans parler des «difficultés passagères», de sinistre mémoire...

La Bulgarie a certainement besoin  de davantage de publicité vantant sa culture, son héritage historique, ses ressources naturelles. Il y a bien davantage à découvrir dans ce pays pittoresque et accueillant que son yaourt. Ce qui est certain, c'est que l'avenir européen de la Bulgarie ne passe pas par le faire semblant et le brassage de vent. Comme disait un écrivain, ancien émigré politique bulgare vivant à Paris: « Faire semblant de nager - c'est la noyade garantie ».



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