LE PROFIL DE LA NOUVELLE COMMISSION
Jose Manuel Durao Barroso démarre son mandat de président avec un handicap qu'il va lui falloir très vite surmonter s'il veut s'imposer à la tête de la commission et face aux dirigeants européens. L'ex-premier ministre portugais a été choisi par ses pairs à défaut d'entente sur une personnalité de plus grande envergure. Des vetos croisés franco-allemand et britannique ont éliminé les candidats les plus en vue, tandis que d'autres éminents responsables, comme le premier ministre luxembourgeois, refusaient de quitter leur pays pour Bruxelles. Mais la fonction peut faire l'homme et le meilleur moyen pour lui est certainement de s'appuyer sur un exécutif capable d'être une force de proposition et d'entraînement.
Pour ce faire, Jose Manuel Durao Barroso part d'une liste bloquée, celle des 24 commissaires nommés par les dirigeants nationaux. Mais il est responsable de la répartition des portefeuilles. Une tâche à sa main, même si des pressions de toutes sortes s'exercent sur lui pour placer tel commissaire à tel poste. Les fonctions les plus recherchées comme la concurrence ou le marché intérieur provoquent d'âpres bagarres. Mais le tout nouveau président a déjà refusé la nomination d'un super-commissaire chargé de la réforme économique comme le souhaitaient Berlin, Paris et Londres. Et il possède dans son jeu quelques cartes maîtresses. Il hérite d'une commission extrêmement renouvelée, qu'il va pouvoir façonner. Seuls trois anciens membres sont reconduits. Les autres sont des novices, arrivés le premier mai dernier lors de l'adhésion de leur pays, ou nommés pour la première fois à Bruxelles. Et ce sont en majorité des personnalités politiques, d'anciens ministres voire chefs de gouvernement, prêts à se jetter dans la bataille décisive de la ratification de la constitution. Le nouveau patron de la commission a assigné à ses troupes l'objectif primordial de venir à bout de l'euro-apathie installée en Europe.
Mais ces atouts peuvent, si cela tourne mal, devenir de véritables obstacles. Toux ceux qui connaissent à la perfection les rouages de ce quasi-gouvernement européen sont partants, à l'exception de l'allemand Guenter Verheugen. Et l'absence de techniciens dans le nouveau collège peut se révéler contre-productive dans les débats à venir comme celui du budget. En tout cas Jose Manuel Durao Barroso a déjà réussi à obtenir la nomination de huit femmes sur 24, le fameux tiers qu'il s'était fixé pour équilibrer l'exécutif de l'Union. Et l'ensemble des couleurs politiques sont représentées à ses côtés. Conservateurs, socialistes, centristes et libéraux sans oublier une écologiste exactement comme dans la commission précédente.
RFI