L'EUROCORPS EN AFGHANISTAN
Après la Bosnie, le Kosovo et la Macédoine, voici venu le tour de l'Afghanistan. L'Eurocorps qui rassemble principalement des soldats français et allemands effectue à Kaboul sa première mission hors d'Europe. Il intervient là comme l'un des six corps de réaction rapide de l'Alliance Atlantique et se retrouve à la tête d'une force internationale de 7000 hommes, chargée de veiller au bon déroulement de l'élection présidentielle du 9 octobre prochain. Le premier scrutin afghan depuis la chute du régime des talibans. L'opération est donc réalisée sous le mandat de l'OTAN. Mais elle permet tout de même à ce corps européen de faire ses preuves sur le terrain. Créé en 1992 par François Mitterrand et Helmut Kohl pour donner naissance à un embryon d'armée européenne, l'Eurocorps ne s'est élargi fort symboliquement qu'à l'Espagne, à la Belgique et au Luxembourg. Mais tout de même l'Europe prend peu à peu ses marques en matière de défense, en intervenant principalement pour des opérations de maintien de la paix.
Cette lente montée en puissance se fait le plus souvent sous l'égide de l'alliance atlantique. Car les Etats-Unis sont très réticents face à toute tentative d'autonomie de l'Europe et celle-ci n'est pas prête non plus à dépenser suffisamment pour s'offrir une véritable indépendance militaire. Ce tutorat de fait limite les ambitions européennes en matière de politique étrangère. Mais la construction européenne dans ce domaine comme dans les autres se fait en marchant. Et le chantier de la défense est l'un de ceux qui ont le plus progressé ces derniers mois. Les Britanniques, qui sont les plus ardents défenseurs du lien euro-atlantique, en sont venus à l'idée que l'Europe devait pouvoir mener des opérations qui n'intéressent pas les Etats-Unis. Ce fut le cas d'Artémis, une intervention franco-britannique montée l'été dernier à Bunia en République Démocratique du Congo. L'Union européenne est également en train de mettre sur pied une cellule de planification indépendante de l'OTAN, une sorte de quartier général qui permette d'organiser des opérations autonomes. Et elle vient de nommer le patron de sa toute nouvelle agence d'armement, dont l'objectif sera d'introduire plus de cohérence dans les programmes de production militaire qui doublonnent encore souvent. A terme l'Europe, tout en restant l'alliée privilégiée des Etats-Unis, pourrait donc gagner en indépendance politique.
VALERIE LAINE RFI