L"EUROPE SOUS TENSION

Info ou intox? L'idée que la menace terroriste augmente en Europe est bien sûr alimentée par les attentats eux-même. Ceux de Madrid en mars dernier, ou ceux plus récents mais beaucoup moins meurtriers d'Istanbul revendiqués par des proches d'Al Qaïda comme par des kurdes. La tenue des jeux olympiques cette année en Grèce entretient elle aussi la peur. Tout comme l'expiration du délai fixé au 15 août par des terroristes islamistes pour le retrait d'Irak des soldats européens. L'Italie, particulièrement visée par cette menace, a d'ailleurs annoncé accroître la surveillance de ses grandes villes. Le contexte international n'incite pas non plus à l'optimisme, les foyers de crise en Palestine, en Irak ou en Afghanistan favorisant la croissance d'une nébuleuse qui n'a de lien avec Al Qaïda qu'une référence idéologique. Ce qui complique la tâche des services chargés de la désarmer. Enfin la tension est aussi entretenue sur le plan judiciaire par l'ouverture à Hambourg hier du deuxième procès de Mounir El Motassadeq. Ce Marocain, premier homme au monde à avoir été jugé en 2003 pour complicité dans le cadre des attentats du11 septembre et dont la condamnation a été cassée.

En même temps il faut faire la part des choses. Les autorités britanniques, peu suspectes de laxisme en matière de lutte anti-terroriste, ont été les premières à relâcher les 5 prisonniers de retour de la base américaine de Guantanamo pour insuffisance de preuves à leur encontre. Quant au gouvernement, il tend à se démarquer des Etats-Unis concernant le niveau de médiatisation des alertes. Sa longue expérience de lutte contre les terroristes irlandais le rend sans doute plus sensible à l'effet contre-productif que peut entraîner le maniement exagéré de l'opinion publique. Et l'on ne peut écarter l'idée que la proximité des élections aux Etats-Unis ne fausse le jeu, l'administration ayant évidemment intérêt à maximiser la menace pour justifier la politique de l'actuel président, candidat à sa propre réélection.

Malheureusement à ce climat de confusion ne correspond pas de réponse vraiment claire sur le plan communautaire. Les Vingt-Cinq ont le plus grand mal à accorder leurs violons. La lutte anti-terroriste communautaire a été réactivée après les attentats de Madrid avec la nomination d'un coordinateur en la personne de Gijs de Vries épaulé par une cellule d'analyse d'une vingtaine de membres, alors qu'un travail identique est déjà réalisé par Europol. En fait seule la coopération entre pays qui se cooptent fonctionne vraiment et celle-là est plutôt en progrès.

RFI