Politique étrangère de l'Europe: moins d'égos nationaux, plus d'efficacité. Joseph Daul, MdPE, Président du Groupe PPE au Parlement européen

"La gestion des immigrés de Lampedusa est-elle digne de l'Europe, de ses valeurs, de ses idéaux ? Je ne le crois pas, le Groupe PPE ne le croit pas, et je suis sûr qu'une majorité de Collègues dans cet hémicycle ne le croient pas non plus" - Joseph Daul.

"Révolution du jasmin, lutte contre le terrorisme, conflit au Proche-Orient: quelle est la place de l'Europe dans tout cela ?", s'est interrogé le Président du principal Groupe parlementaire européen (PPE, Centre-Droit), dans un débat au Parlement européen avec Catherine Ashton.

"Sommes-nous un acteur présent, engagé, de bonne volonté ? Oui, sans aucun doute, et l'action conduite sous les auspices de l'ONU en Libye, à l'initiative de quelques Chefs d'Etat et de Gouvernement européens, a montré que l'Europe, ou une partie de l'Europe, est capable d'agir dans les moments difficiles, quand elle le veut".

"Sommes-nous pour autant un acteur international incontournable, avec une influence à la hauteur de notre puissance économique ?" Pour Joseph Daul, la réponse est, sans aucun doute, négative.

"L'Europe en effet continue d'être un nain, au mieux un "petit Poucet" politique et géostratégique, en dépit des attentes toujours plus grandes de l'opinion publique européenne. L'Europe a parié sur la stabilité et sur l'aide au développement en Méditerranée, mais les peuples revendiquent, et c'est légitime, leur liberté politique, et fuient leurs pays faute de pouvoir espérer, pour eux et pour leurs enfants, un avenir viable et digne. Avons-nous commencé à tirer les leçons de cette expérience? Je voudrais le croire", a poursuivi le Président du Groupe PPE.

Joseph Daul a constaté que, 18 mois après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, il est temps de passer aux travaux pratiques en matière de politique étrangère et de défense.

"Cela suppose de faire des choix, et de s'y tenir. Or, quelles sont les priorités de l'Europe ? Les relations avec son voisinage oriental et méridional, la lutte contre le terrorisme, la solution du conflit au Proche-Orient, la politique commerciale, ou tout cela à la fois ? Quels sont nos partenaires privilégiés: les Etats-Unis, les pays émergents, ou d'autres encore ? Comment obtenir les meilleurs résultats ? En laissant le champ politique aux Etats membres individuellement, comme depuis 60 ans, ou en parlant d'une voix forte et unique ?"

Pour le Président du Groupe PPE, sur les affaires étrangères, comme sur la sécurité et la défense, la solution, ce n'est pas plus d'inter-gouvernemental, mais c'est plus d'Europe. "Ce n'est pas plus d'égos nationaux, mais plus d'efficacité à l'échelle de l'Europe".

"2011 doit, à mes yeux, être l'année de la Méditerranée, de la lutte contre le terrorisme, voire d'une percée dans le conflit au Proche-Orient. Si l'Europe est capable de devenir un acteur-clé sur ce front, elle aura fait oublier ses erreurs de jeunesse", a conclu Joseph Daul.