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15-07-2007

VISITE ÉCLAIR DE CÉCILIA SARKOZY

Cécilia Sarkozy a effectué jeudi une visite éclair en Libye. L'épouse du président français, accompagnée, selon nos informations, du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a rendu visite aux infirmières bulgares et au médecin palestinien dans leur prison de Tripoli, au lendemain de la confirmation de leur condamnation à mort dans le drame du sida de Benghazi. Elle est également allée au chevet des enfants malades à Benghazi et a rencontré le colonel Kadhafi.

Selon le porte-parole des familles des enfants atteints du sida, Cécilia Sarkozy a promis un appui médical et des facilités pour l'obtention de visa pour les familles qui désirent soigner leurs enfants en France.

Par l'envoyé spécial à Tripoli de RFI, Sylvain Biville.

A Benghazi, Cécilia Sarkozy s'est présentée en « mère de famille », auprès des enfants libyens victimes, il y a presque dix ans, de la vague de contamination par le virus du sida. A la prison El Jedida de Tripoli, elle a demandé aux infirmières bulgares et au médecin palestinien de « tenir bon » en évoquant une bonne nouvelle à venir. A deux reprises, elle a été reçue par le colonel Kadhafi, à qui elle a transmis un appel à la clémence, de son mari, pour les 6 détenus.

Pour sa première sortie seule sur la scène internationale, Cécilia Sarkozy s'est attaquée à un dossier ultra-sensible. Cette discrète visite - pas d'image, aucun contact avec la presse - avait surtout un objectif humanitaire. Mais la présence, aux côtés de la Première Dame, du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a également donné à ce voyage une incontestable dimension politique. En dépêchant à Tripoli son épouse et son plus proche collaborateur, Nicolas Sarkozy cherche à occuper le terrain, alors qu'un accord est en vue, qui permettrait aux infirmières et au médecin de quitter leur prison libyenne.

« C'est ce qui s'appelle voler au secours de la victoire », raille un proche du dossier. Les dirigeants libyens prennent un malin plaisir à se voir ainsi courtisés. Un proche des enfants libyens séropositifs s'inquiète, en revanche, de l'exploitation médiatique du drame du sida de Benghazi.

Signes encourageants

Le voyage éclair de Cécilia Sarkozy confirme le vent d'optimisme qui souffle depuis quelques jours autour de la prison de Tripoli. Jamais l'épouse du chef de l'Etat ne se serait ainsi risquée à rendre visite aux infirmières bulgares et au médecin palestinien s'il n'y avait pas de solution en vue. Quelques heures auparavant, un autre signe encourageant était venu de Washington, avec la nomination par George Bush d'un ambassadeur américain à Tripoli, une première depuis trente-cinq ans !

Côté libyen, la confirmation, mercredi, de la condamnation à mort des 6 par la Cour suprême, dans l'affaire du sida de Benghazi, a été contrebalancée par une série de déclarations très conciliantes. Le chef de la diplomatie libyenne, Abdulrahmane Shalgam, s'est empressé de souhaiter une « solution rapide ». Et surtout, les familles des enfants contaminés, qui continuent à croire dur comme fer à la culpabilité des infirmières et du médecin, ont pour la première fois évoqué l'idée d'une libération. « Nous l'acceptons pour sauver la vie de nos enfants encore vivants », a déclaré à RFI Ramadan al-Fitouri, dont la petite sœur est morte du sida en 2001. Cet ingénieur de Benghazi, porte-parole de l'association des familles, qui était pourtant l'un des plus intransigeants sur l'exécution de la peine de mort, se montre également soucieux de préserver les relations de son pays avec l'Europe et les Etats-Unis.

Cette clémence a un prix : le versement de compensations aux familles, dont le montant est toujours en négociations. Elles exigeaient au départ 10 millions d'euros par enfant contaminé. Le chiffre final pourrait être dix fois moindre et alimenté essentiellement par des contributions libyennes. L'Etat libyen a de tout façon l'obligation légale de payer des dommages et intérêts aux familles des 426 enfants qui ont contracté le virus du sida à l'hôpital de Benghazi, à la fin des années 1990 (57 d'entre eux sont morts depuis) : il a été condamné, en décembre dernier, en tant qu'employeur des infirmières bulgares et du médecin palestinien, à verser de 250 000 à 600 000 euros à chaque victime.

Un accord sur les compensations financières doit intervenir avant lundi, date à laquelle se réunit le Haut Conseil judiciaire pour réexaminer la sentence. Cet organe politique, présidé par le ministre libyen de la Justice a le pouvoir de gracier les condamnés ou de commuer la peine capitale en une peine de prison, que les infirmières bulgares pourraient finir de purger dans leur pays, ainsi que le médecin palestinien, puisqu'il a obtenu, le mois dernier, la nationalité bulgare.

(Photo : S. Biville / RFI)



 
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