LA PRESSE BRITANNIQUE CONGRATULE BLAIR POUR AVOIR REUSSI A PRESERVER LES INTERETS PRIORITAIRES DU PAYS DANS LE PROJET DE CONSTITUTION EUROPEENNE
LONDRES, 19 juin (AFP) - La presse britannique congratule largement le premier ministre Tony Blair pour avoir réussi à préserver les intérêts prioritaires du pays dans le projet de constitution européenne, mais les journaux eurosceptiques avertissent qu'il ne gagnerait pas pour autant un référendum sur le traité. "Si Tony Blair imagine qu'il sera accueilli en triomphe ici si un accord est scellé à Bruxelles, il se trompe", note le tabloïde qui a le plus fort tirage en Grande-Bretagne, le Sun, peu avant que l'accord ait été conclu à l'arrachée après deux jours de sommet. "Il peut se glorifier d'avoir réussi à protéger ses priorités sur la fiscalité, la défense et la politique étrangère", déclare le journal qui est résolument contre l'Union européenne (UE). "Mais il a beau s'être battu avec les Français, il semble prêt à donner son accord pour que son pays devienne un partenaire de la constitution européenne", ajoute le quotidien. "Si c'est le cas, le message donné massivement par les électeurs sera que l'opinion publique ne veut pas de la constitution européenne", affirme le journal. Lors des dernières élections au parlement européen, en juin, le parti de l'Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui plaide pour une sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, avait pris la classe politique par surprise en arrivant à la troisième place, tandis que le parti travailliste au pouvoir reculait en deuxième position, derrière les Conservateurs (opposition). Le tabloïde Daily Mirror, qui polémique depuis des mois contre Tony Blair à propos de l'Irak, a félicité le premier ministre sur
ses efforts européens. "Blair nous a gagné le meilleur accord possible sur l'Europe", titre-t-il à la Une. "Aucun pays n'a obtenu tout ce qu'il voulait, mais la Grande-Bretagne a eu plus que la plupart". "Grâce à ses pouvoirs de persuasion, Tony Blair n'a pas seulement obtenu la plupart des choses qu'il voulait, mais il a réussi à conclure un accord raisonnable avec nos voisins", écrit le quotidien. "Dans les semaines à venir, les Conservateurs et opposants à l'Europe dans les médias vont présenter cela comme un accord bancal ou même comme une défaite... Ce n'est pas le cas". Le ton est à l'opposé dans le Daily Telegraph, le plus eurosceptique et le plus conservateur des journaux de grande diffusion britanniques, qui a immédiatement affirmé que Blair avait fait "une grande gaffe". "Il a signé la constitution alors que la semaine dernière
encore, les résultats des élections ont clairement montré qu'il n'était pas mandaté pour le faire", selon le quotidien. "Il aurait dû rejeter par principe ce document qui représente 260 pages de poudre aux yeux", ajoute le journal. "C'est la pierre angulaire d'un Etat fédéral qui donne à l'UE un ministre des Affaires étrangères, un code pénal, un procureur européen et une police", poursuit le Daily Telegraph. Pour ce quotidien comme pour le Sun, Blair a sans doute gagné une bataille -- contre les Allemands et les Français sur la formulation du projet de constitution -- mais il n'a pas gagné la guerre ni persuadé les Britanniques de voter pour le traité, lors d'un référendum. "De nombreux sondages, ainsi que les élections locales et européennes indiquent que M. Blair n'a virtuellement aucune chance de gagner un référendum -- qu'il a promis d'organiser -- sur la constitution", dit le Daily Telegraph. Pour le quotidien économique Financial Times, la question la plus urgente est le choix d'un nouveau président de la Commission européenne, qui constitue encore une pomme de discorde pour les dirigeants des 25 Etats membres. "Sa tâche est l'une des plus difficiles dans le monde et il mérite un candidat à la hauteur, après deux titulaires décevants", selon le journal.