LA COURSE A LA PRESIDENCE DE LA COMMISSION
La course engagée depuis plusieurs semaines entre les prétendants doit prendre fin le 18 juin avec la nomination du président de la commission par les chefs d'état et de gouvernement. Pour la première fois ceux-ci sont un peu bridés dans leur choix puisqu'ils devront tenir compte de la majorité issue des élections au parlement européen qui se seront déroulées quelques jours plus tôt. Une cohérence politique prévue par la constitution afin de respecter le choix des électeurs comme dans n'importe quel régime parlementaire. Pour autant la procédure de nomination relève encore d'une diplomatie de couloirs, plutôt obscure et qui a sa part de combines et d'intoxication.
Le candidat idéal devra être celui du consensus, c'est-à-dire plaire au couple franco-allemand sans être pour autant un épouvantail fédéraliste assuré d'entraîner le rejet des Britanniques et de leurs alliés. Il pourrait émaner d'un petit pays pour contrer toute accusation de tentative hégémonique et devrait bien sûr avoir les qualités requises pour le poste. Un homme de projets et d'idées, meneur d'équipe, excellent connaisseur de la machine communautaire, capable de dénouer les situations inextricables tout en sachant communiquer. Pour l'instant aucun candidat ne répond vraiment à ce portrait robot. Ceux qui viennent de la gauche sont a priori exclus car les sondages prédisent un parlement de centre droit. Exit donc d'anciens premiers ministres finlandais ou grec ou d'actuels commissaires socialistes.
A droite plusieurs personnes sont en lice. Il y a ceux qui ont déjà refusé comme les premiers ministres du Luxembourg ou d'Irlande qui ne souhaitent pour l'instant pas quitter leurs pays respectifs. Ceux qui seraient recalés comme le chef du gouvernement autrichien pour avoir pactisé avec l'extrême-droite. Ou ceux dont l'image n'est peut-être pas assez imposante comme le dirigeant danois. L'actuel et un ancien premiers ministres belges sont sans doute pour Londres trop proches de Paris et de Berlin tandis que le commissaire britannique Chris Patten a le tort de venir d'un état absent des zones euro et Schengen. Beaucoup de premiers ministres en lice donc mais on a constaté que ce n'était pas une condition suffisante pour faire un bon patron de commission. L'actuel président du parlement se présente également. Mais dans ce genre de compétition, c'est souvent un outsider qui l'emporte. Il ne reste plus qu'à espérer que les Vingt-Cinq ne choisissent pas le plus petit dénominateur commun.