UNE COMMISSION EN ORDRE DE BATAILLE

A première vue l'équipe constituée par José Manuel Durao Barroso jouit d'une qualité, qui s'appelle l'équilibre. Entre petits et grands pays, entre anciens et nouveaux membres, entre femmes et hommes venus d'horizons politiques différents. Le patron de la commission a su répartir les portefeuilles pour qu'aucun groupe ne se sente lésé ou mis de côté. C'est important pour assurer la cohésion et obtenir que son quasi-gouvernement serve, selon ses propres mots, l'intérêt général européen. Il n'y a pas de commissaire de première et de seconde catégorie. Et pour faire oublier leur dépit à ceux qui espéraient certainement  mieux, comme le Français ou l'Allemand, il a créé de nouveaux postes de vice-président. Mais c'est sûr, cette commission-là est celle d'une Europe à Vingt-Cinq, dans laquelle les grands pays abandonnent leur deuxième commissaire et s'intègrent au collège à part égale avec les autres.

La deuxième observation que l'on peut faire concerne la définition des portefeuilles et les objectifs de travail qui en découlent. La nouvelle commission, forte de cinq nouveaux titulaires, comporte de nouvelles affectations. Elles n'ont pas été inventées de façon artificielle mais relèvent tout simplement du dédoublement de postes précédents. Il est tout de même intéressant de noter qu'il s'agit de fonctions uniquement économiques. Jose Manuel Durao Barroso revendique d'ailleurs les réformes comme sa première priorité pour faire de l'Europe l'économie la plus compétitive au monde en 2010. Un objectif défini à Lisbonne et que l'ancien premier ministre portugais n'a pas perdu de vue. Il a d'ailleurs nommé un trio de choc plutôt libéral aux postes essentiels du marché intérieur, de la concurrence et du commerce. Un Irlandais, une Néerlandaise et un Britannique, trois personnalités de culture anglo-saxonne qui ont bien l'intention de marquer de leur sceau l'Europe.

Enfin s'il est nécessaire de faire, il est essentiel de faire savoir. Une tâche confiée à la commissaire suédoise chargée de réconcilier les citoyens avec l'Europe, d'expliquer à quoi elle sert et ce qu'elle fait, bref de changer le climat d'apathie tellement préoccupant depuis l'abstention majeure des dernières élections européennes. Et il lui faudra faire vite. Car dans les mois à venir vont commencer les premières ratifications de la constitution. Margot Wallstroem remplacera le président lors de ses absences, ce sera en quelque sorte la première vice-présidente. Mais Jose Manuel Durao Barroso entend bien assumer les décisions qui seront prises par le collège sous sa responsabilité. Visiblement le nouveau patron de la commission a l'intention de contrôler ses troupes.

RFI ANALYSE