L'ACCORD TROUVE AU SOMMET EUROPEEN DE BRUXELLES SUR LA CONSTITUTION LAISSE LA PRESSE FRANÇAISE PLUTOT DUBITATIVE SUR L'AVENIR DE L'EUROPE A 25
Une Constitution "à l'arraché", titre Libération (gauche), "in extremis", écrit le Parisien/Aujourd'hui (populaire). "Accord il y a eu certes, mais a minima", commente l'éditorialiste de Libération, Patrick S
Plutôt dubitative, la presse de ce samedi sur l'avenir de l'Europe unie... Une "constitution à l'arraché", titre Libération... "In extremis" - précise Le Parisien... "Cela ressemble à un accouchement aux forceps", renchérit la Presse de la Manche... "Accord il y a eu certes, mais à minima", commente l'éditorialiste de Libération... "Après avoir évité la crise, et réussi le bidouillage indispensable pour que l'Union à 25 ait une petite chance d'éviter l'échouage"... Selon ce confrère, d'inspiration maritime, "le fier paquebot (ressemble à) une galère encalminée qui dérive sur son aire"... Donnant en outre "le spectacle d'un équipage en mutinerie, incapable de s'entendre sur le nom du capitaine... et qui se chamaillent pour savoir qui tiendra la barre, sans avoir idée du cap à suivre"... Le Figaro estime que l'Europe est "en quête d'un nouvel équilibre"... Remarquant l'influence exercée par le premier ministre britannique, ce quotidien s'alarme d'"un des grands paradoxes de l'Union : son membre le plus sceptique y mène le jeu"...
Selon la Charente Libre, le sommet de Bruxelles a offert, "en pire qu'à quinze, l'image de querelles de marchands de tapis sur fonds d'intérêts nationaux"... Le Midi Libre déplore "un spectacle navrant" : celui des "ultimes tractations"... Et puis, "il reste maintenant à soumettre ce texte fondamental à 25 peuples qui n'en font pas encore un"... La République du Centre assure que "si ce sommet est historique, ce n'est encore qu'avec un tout petit "h""... Il est ici "redouté que certains pays, qui vont recourir au referendum, n'émettent un refus qui flanquerait tout par terre... Il reste donc beaucoup à faire... Comme en témoigne le blocage sur la désignation du successeur de Romano Prodi à la présidence de la commission... C'est peu dire que l'affrontement entre tenants de la "vieille" ou de la "nouvelle" Europe a constitué un exemple désolant pour des peuples que l'on veut réunis sous une même bannière"... "L'esprit européen ne soufflait pas hier à Bruxelles" écrit encore L'Alsace, en évoquant "une adoption par nécessité plus que par conviction"... Sud-Ouest relève à son tour que la ratification du texte par les 25 nations "s'annonce très périlleuse"... De plus, "avoir une constitution, c'est-à-dire un mode d'emploi, n'est pas pour autant une garantie de convergence politique" ... "Evidemment, reconnaissent Les Dernières Nouvelles d'Alsace, cette constitution n'est pas celle que beaucoup espéraient... Mais elle est la première constitution de l'Europe... Forcément timide, car arrachée... Les Européens ont toujours accouché de leurs textes dans la douleur, et cela n'a pas empché l'Europe de se construire, de progresser"... Et le quotidien strasbourgeois de poursuivre : "Visiblement, l'axe franco-allemand n'est plus un élément fédérateur... Si l'axe Paris-Berlin perd de son charisme, Londres n'en tire pas vraiment avantage... Une "Mitteleuropa" semble émerger. C'est Vienne, qui, à la tête des Etats d'Europe Centrale, a mené la dernière charge contre le compromis irlandais du projet de texte pour arracher d'ultimes concessions. Il faudra se faire à cette nouvelle Europe"... Autre soupir du Journal de La Haute-Marne : "La construction européenne n'a jamais été un long fleuve tranquille... Certes, un accord a été trouvé après d'interminables négociations... Il n'est pas sûr pour autant que le simple citoyen y trouve un motif pour s'investir dans la chose européenne... Dans ces conditions, on comprend pourquoi certains dirigeants hésitent pour faire avaliser le projet de constitution européenne par referendum... Jacques Chirac est de ceux-là. Il lui faudra assurément choisir entre deux maux : ignorer la vox populi pour être sûr d'une validation parlementaire ou prendre le risque d'une nouvelle défaite électorale"... Un autre risque enfin souligné par L'Eclair des Pyrénées : celui de "ne voir se bâtir à 25 qu'une sorte d'Europe réduite aux acquêts".
rfi